Là où les lucioles s'éteignent
Il s’appelait Guy. Quand il était petit, il croyait que les nuages étaient des animaux qui avaient choisi le ciel comme refuge. Il leur envoyait des messages avec des cerfs-volants fabriqués en papier de bonbon. Il parlait aux cailloux, aux flaques d’eau, aux escargots. Le monde, pour lui, était un immense terrain de jeu, une toile fragile faite de rires, de silences et de mystères. Tout semblait possible. Même voler, s’il fermait les yeux assez fort. Guy vivait dans un village de pêcheurs entouré de marais salants, qui chantaient, et de forêts pleines d’ombres douces. Là-bas, les enfants n’apprenaient pas seulement à lire, mais à rêver. À écouter les choses qui ne parlent pas. À respecter les secrets du monde. Mais un jour, quelque chose changea. Ce ne fut pas brutal. Pas un orage, ni un deuil. Juste une dissonance. Un jour d’automne, un homme revint au village. Un homme d’ailleurs, vêtu de gris, aux mains raides comme le métal. Il avait été enfant ici, jadis, puis il était parti ...