Le café du matin
Les jours peuvent paraître insipides. On se lève le matin, on effectue les mêmes gestes que la veille. Les automatismes font que les choses se passent bien, sans éclat, sans surprise. Guy vivait ainsi, tranquille et invisible, dans le monotonie paisible d’une vie sans heurts. Novembre avait étendu sur la ville son manteau de brume. L’air sentait le bois humide et les feuilles mortes. Le vent faisait danser les parapluies, les passants se hâtaient, les réverbères s’allumaient trop tôt. Guy aimait cette période de l’année. Le monde semblait marcher plus lentement, comme lui. Chaque matin, il descendait de chez lui, le col relevé, les mains au fond des poches, et s’arrêtait au petit café du coin. Un lieu simple, un peu usé, mais rassurant , avec sa lumière dorée, ses odeurs de croissant chaud et de café fraîchement moulu. Guy s’y installait toujours à la même place, près de la vitre, d’où il pouvait observer le ballet du dehors sans y prendre part. Il était de ces hommes que l’on croise s...