Murphy le dit
Avec hésitation je prends la télécommande. Comme un automate, je sélectionne une chaîne, sans réfléchir, car j’affiche toujours la même : une chaîne d’informations. Le geste est mécanique, presque rassurant. Murphy, accoudé sur l’accoudoir du canapé, ricane : — Si un geste peut devenir une dépendance, il le deviendra. Et tu appelleras ça : « s’informer ». L’écran s’allume et le générique explose, pompeux, héroïque, comme s’il allait annoncer la découverte de la vérité ultime. On m’assène que l’actualité ne dort jamais. Moi non plus, du coup. Murphy griffonne déjà dans son carnet : — Si une phrase peut sembler intelligente et creuse à la fois, elle sera répétée en boucle. Les experts arrivent, maquillés, cravatés, gonflés d’importance. L’un prédit la catastrophe, l’autre l’embellie, le troisième parvient à combiner les deux pour n’avoir jamais tort. Chacun coupe la parole à l’autre avec la frénésie d’un combat de coqs sous antidépresseurs. Murphy jubile : — Si trois experts peuvent s’an...