Face à la mer
Face à la mer, la beauté du paysage s’imposait . Les vagues se succédaient, dociles et régulières, effaçant les traces laissées sur le sable. Autour, les silhouettes assises goûtaient le même spectacle, chacune dans son silence. Le temps semblait immobile, presque sacré.
Puis tout bascula.
D’abord, ce fut une vibration dans l’air, à peine perceptible, comme un bourdonnement lointain. Ensuite, le ciel, d’un bleu limpide, s’assombrit d’ombres mouvantes. Des objets volants surgirent à l’horizon, grandissant à mesure qu’ils approchaient. Leur formation géométrique trahissait une logique, une mécanique froide. Les regards se levèrent. L’étonnement glissa vers l’effroi.
Ils survolèrent le petit port et, dans une précision implacable, ouvrirent leurs flancs. Des bombes chutèrent.
La première frappa le quai : une explosion aveuglante pulvérisa pierres et corps. Le souffle brûlant projeta des silhouettes à terre. La mer se cabra comme frappée de plein fouet, ses vagues se retirant pour revenir plus furieuses encore. Puis vinrent les autres déflagrations. L’air devint feu. Le ciel s’obscurcit de fumée, le sol se déchira, et les cris se mêlèrent au fracas des effondrements.
Les bateaux, torches vacillantes, s’embrasaient un à un. Les maisons s’éventraient sous les impacts, projetant des éclats de verre et de métal dans une pluie meurtrière. Le sable, quelques instants plus tôt tiède et paisible, se couvrit de cendres et de sang.
Et pourtant, la mer continuait son mouvement, indifférente. Elle battait la côte de ses vagues régulières, comme si l’humanité n’était qu’une parenthèse insignifiante dans l’ordre des choses.
Le paysage, quelques minutes auparavant empreint d’harmonie, n’était plus qu’un champ de ruines. La beauté s’était effondrée dans le chaos.
Mais cette scène n’est, pour l’instant, qu’une fiction.
Un récit né de l’imagination, un cauchemar mis en mots. Pourtant, il porte en lui une vérité possible. Car si l’horizon semble paisible aujourd’hui, si les bancs sont encore occupés par des silhouettes rêveuses et si la mer continue de briller sous le soleil, rien n’assure que cela restera éternel.
Les catastrophes naissent souvent de l’incrédulité, de ce refus de croire qu’elles puissent arriver. L’instant d’après, il est trop tard.
Si l'on n’y prend pas garde, ce qui paraît aujourd’hui une fiction pourrait bien, demain, devenir la réalité.
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