Le prix du silence
Louis se réveilla en sursaut. Une clarté laiteuse filtrait à travers les volets clos, étirant sur le mur les ombres fragiles d’un matin sans forme. Il tourna la tête vers le réveil : 8 h 47. Déjà en retard. Pourtant, ce n’était pas le temps qu’il redouta, mais l’absence de bruits . Une absence absolue. Pas de moteur, pas de pas dans l’escalier, pas même le souffle du vent. Le monde semblait suspendu, vidé de son murmure. Depuis des années, ce tumulte quotidien l’étouffait. Les klaxons, les voix, les disputes du voisinage, le brouhaha continu de la ville , tout cela formait autour de lui une armure sonore dont il rêvait de se libérer. Combien de fois, dans la solitude de ses nuits, avait-il murmuré :  " Je donnerais n’importe quoi pour que tout se taise" . Ce matin-là, le vœu semblait exaucé. Il ouvrit la fenêtre : la rue dormait. Les arbres, figés. Les voitures, immobiles. Même la lumière semblait s’être arrêtée, hésitante. Un frisson le parcourut. Il enfila ses vêtements, de...