Un nouveau souffle
La boîte de nuit vibrait au rythme des basses profondes. Les murs pulsaient, les corps ondulaient, happés par la frénésie des lumières et de la musique. On aurait dit une machine gigantesque, respirant à travers les danseurs.
Guy, lui, étouffait. Le souffle court, la poitrine lourde, il sentit la nécessité impérieuse de s’échapper de cette marée humaine.
Il poussa la porte métallique. Dehors, le silence relatif le surprit. Sur le parking, l’air frais de la nuit s’engouffra dans ses poumons, lui arrachant presque un vertige. Il marcha quelques pas, le regard perdu vers le ciel.
Alors, il la vit.
Elle apparut derrière une rangée d’arbustes, sans un bruit, comme glissant hors de l’ombre. Une soucoupe gigantesque, qui masquait entièrement la lune. Majestueuse, suspendue au-dessus de lui, ses reflets métalliques ondulaient comme une mer de verre.
Personne d’autre ne semblait remarquer sa présence. Le vigile, absorbé par l’écran de son téléphone, fumait distraitement. Quelques fêtards riaient autour d’une voiture. Et pourtant, au-dessus de leurs têtes, la nuit venait de s’ouvrir.
Un rayon jaillit. Pas une lumière violente, non : une lueur douce, diffuse, presque organique, qui l’enveloppa d’un halo tiède. Guy aurait dû fuir, crier peut-être. Mais il ne ressentit ni peur ni panique. Seulement une étrange paix.
Il ferma les yeux. La chaleur se diffusa dans son corps, circulant par vagues lentes. Sa poitrine oppressée se dénoua. Ses poumons se gonflèrent avec une aisance qu’il croyait perdue depuis des années. Ses jambes lourdes, toujours douloureuses, semblèrent retrouver leur vigueur. Même son cœur, si souvent affolé, battait désormais d’un rythme régulier, apaisé, presque musical.
Il sentit que quelque chose se réparait en lui. Non pas seulement son souffle, mais plus profondément : une réconciliation intime avec lui-même, comme si chaque cellule retrouvait sa juste place, son harmonie oubliée.
Quand la lumière s’éteignit, la soucoupe n’était plus là. La lune brillait de nouveau, intacte, comme si rien ne s’était produit. Le parking, lui aussi, paraissait ordinaire. Mais Guy, lui, ne l’était plus.
Il inspira, longuement, profondément. L’air entrait en lui avec une fluidité nouvelle, sans résistance. Ses poumons s’ouvraient comme deux voiles gonflées par le vent.
Il leva les yeux au ciel et esquissa un sourire.
Il ne savait pas pourquoi la soucoupe était venue, ni pourquoi elle l’avait choisie. Mais il savait ceci : quelque chose venait de changer, et plus jamais il ne serait le même.
Car cette nuit-là, il avait reçu un nouveau souffle. Et peut-être, au-delà de la guérison, une promesse.
Commentaires
Enregistrer un commentaire