Le Clown
Chaque soir, sous le grand chapiteau aux toiles rouges et or, les rires jaillissaient comme des bulles de champagne. La musique entraînante de l’orchestre, les projecteurs balayants, les odeurs mêlées de foin, de pop-corn et de sueur , tout contribuait à créer une magie que nul ne contestait. Et au cœur de cette féérie, il y avait lui : le clown. Depuis des années, il enchaînait les numéros avec une précision d’orfèvre. Il connaissait chaque geste, chaque chute, chaque silence comique par cœur. Rien n’était laissé au hasard : le seau de confettis cachait toujours un jet de serpentins farceurs, son pantalon trop grand glissait pile au bon moment, et son nez rouge brillait comme un phare dans la nuit. Il faisait rire petits et grands, soir après soir, sans jamais faillir. On l’aimait pour sa maladresse, pour ses grimaces, pour sa capacité à rendre légère la moindre journée. Mais derrière son maquillage épais et son sourire peint, nul ne soupçonnait la mécanique intérieure, usée, fatiguée...