Atlantia, le réveil
Pendant des siècles, Atlantia dormit.
Enfouie sous les sables des abysses, dissimulée par des forêts de corail et des montagnes sous-marines, la cité magique sommeillait, intacte, protégée par les sortilèges tissés par ses habitants. Les océans eux-mêmes semblaient veiller sur elle, murmurant ses légendes aux marins téméraires.
Le monde de la surface changea.
Des empires naquirent et s'effondrèrent. Les hommes oublièrent jusqu’à l'existence des Atlantes. Seuls quelques rêves, quelques mythes anciens, parlaient encore d’une cité de cristal endormie sous les flots.
Jusqu’au jour où Élina, une jeune exploratrice des mers profondes, guidée par des visions étranges et des rêves récurrents, entreprit la plus périlleuse des plongées.
Elle n'était pas comme les autres. Depuis son enfance, elle entendait des voix dans l'eau, des chants qu'aucun autre humain ne semblait percevoir. Comme si l'océan lui-même l'appelait.
Au fond d'une faille abyssale, au-delà de toute carte connue, elle découvrit l'obélisque.
Celui où Caelos, des siècles plus tôt, avait gravé les derniers mots d'Atlantia.
"À ceux qui entendront nos chants sous les eaux, souvenez-vous : la magie n’est jamais gratuite."
Élina posa sa main sur la pierre.
À cet instant, une onde de lumière parcourut les ténèbres sous-marines. Le sol trembla doucement. Lentement, comme une fleur oubliée sous la neige, Atlantia s’éveilla.
Les dômes de verre s’illuminèrent sous la couche d’eau.
Les tours de cristal vibrèrent d'une énergie ancienne. Les jardins suspendus refleurirent, leurs lianes luminescentes ondulant sous la pression de l'eau.
Dans les rues désertes, l’air reprit forme, enfermé dans des bulles magiques, recréant un souffle de vie.
Les Atlantes, eux aussi, sortirent de leur sommeil.
Ils avaient été figés dans une stase douce, rêvant de leur gloire passée. À présent, ils ouvraient les yeux sur un monde qui ne leur appartenait plus.
Caelos, premier parmi eux, reconnut Élina.
Non pas son visage — qu’il n’avait jamais vu — mais son âme, scintillante de l’écho des Anciens.
« Tu es la Clef, lui dit-il d’une voix à la fois jeune et infiniment ancienne.
Tu es celle que la mer nous a envoyée. »
Élina, émerveillée, découvrit qu’elle comprenait leur langue sans l’avoir jamais apprise.
Elle n’était pas venue pour conquérir ou piller, mais pour apprendre, et, peut-être, pour aider Atlantia à renaître dans un monde nouveau.
Mais le réveil de la cité n'était pas sans conséquences.
Les forces endormies qui avaient permis à Atlantia de dormir paisiblement furent brisées. Déjà, dans les abysses, des créatures anciennes, attirées par l’énergie libérée, commençaient à s'agiter.
La Reine Althéa, revenue d’un long songe, convoqua un conseil.
Devait-on cacher de nouveau Atlantia ?
Devait-on tenter d’établir un lien avec les humains de la surface, au risque de répéter les erreurs du passé ?
Élina supplia qu’on lui fasse confiance.
Elle parla des hommes et des femmes de son temps, de ceux qui avaient appris à respecter la mer, de ceux qui cherchaient encore la magie cachée dans le monde.
Après de longues délibérations, Atlantia prit une décision inédite.
La cité s'élèverait, lentement, prudemment, vers la lumière. Non plus comme une force de domination, mais comme un pont entre deux mondes — l'ancien et le nouveau.
Ainsi, sous les cieux étoilés d’une nuit sans lune, Atlantia, la ville magique, entama son ascension.
D’abord un scintillement sous la surface, puis un éclat grandissant, jusqu'à ce que les pêcheurs des côtes aperçoivent, émerveillés, les premières tours de cristal fendant les flots.
Le monde n'était plus prêt pour les miracles.
Mais les miracles étaient de retour.
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