Atlantia , la ville magique.



Les Atlantes passaient des jours paisibles dans la capitale.
Sous les dômes de verre poli et les cascades suspendues, la vie rayonnait d’une splendeur oubliée par le reste du monde. Les rues pavées de pierres lumineuses serpentaient entre des tours élégantes, et partout résonnaient les chants anciens qui célébraient la grandeur d'Atlantia.

La médecine avait fait d'immenses progrès.
La plupart des maladies mortelles avaient été vaincues ; les épidémies appartenaient désormais aux légendes sombres d’un passé révolu. Les Atlantes vivaient de longues vies, préservées par des soins subtils, unissant savoir scientifique et magie ancienne.

La technologie, quant à elle, ne cessait d’évoluer.
Les machines, presque vivantes, aidaient les habitants à façonner la matière selon leur volonté. De vastes jardins flottaient dans les airs, des ponts liquides reliaient les quartiers, et les bibliothèques contenaient des archives du savoir universel. Atlantia semblait intouchable, bénie des dieux et maîtresse de son destin.

Pourtant, des signes précurseurs avaient été signalés.
La Terre elle-même paraissait troublée. Des vibrations étranges couraient dans les sols sacrés, invisibles aux yeux mais perceptibles aux plus sensibles. Les vents marins apportaient parfois des murmures d'outre-monde. Les Anciens, gardiens des mémoires perdues, chuchotaient que l'équilibre du monde était menacé.

Un jour, les premiers craquements se firent entendre.
Le Grand Dôme de Saphir, au centre d’Atlantia, vibra comme une cloche frappée par une main invisible. La mer autour de la cité s’assombrit, grondant de colère sourde. Les savants s’inquiétèrent. Les oracles, eux, prirent peur. Tous sentaient qu’un événement terrible approchait, mais aucun ne pouvait en prédire l’ampleur.

Parmi eux, un jeune prodige nommé Caelos refusa d'ignorer les avertissements.
Curieux et audacieux, il fouilla les archives interdites, déchiffra les textes anciens, consulta les esprits des abysses. Ce qu’il découvrit glaça son cœur : Atlantia reposait sur un nexus d'énergie terrestre, une source vivante de pouvoir. Depuis des millénaires, la cité puisait sans relâche dans ce puits magique, sans jamais restituer ce qu’elle prenait. La Terre, patiente mais implacable, exigeait à présent réparation.

Caelos tenta d’alerter la Reine Althéa, mais il fut moqué par les nobles, aveuglés par leur confort.
« Atlantia est éternelle », déclara Althéa avec majesté, rejetant ses craintes.

Mais le déni ne pouvait arrêter l’inévitable.
La nuit suivante, le sol se fendit avec un rugissement monstrueux. Une faille gigantesque s’ouvrit au cœur de la cité. De son abîme surgit une lumière éblouissante et des êtres faits de brume et de flamme — les Émissaires de la Terre. Ils n’étaient ni hostiles ni bienveillants : ils venaient pour rappeler aux Atlantes la dette oubliée.

Un ultimatum fut posé.
Ou Atlantia restituerait l'énergie volée, sacrifiant ses plus précieuses merveilles... ou elle serait consumée.

La Reine Althéa réunit son Conseil. La panique gagnait la population. Les mers devenaient noires, les vents hurlaient autour des dômes. Caelos proposa un plan désespéré : un rituel ancien, un Pacte de Rédemption, pour endormir Atlantia et la cacher à la vue du monde, en échange d’un long sommeil réparateur pour la Terre.

Après de longues hésitations, le Conseil accepta.

La cérémonie dura sept jours et sept nuits.
Les Atlantes tissèrent des sortilèges autour de leur cité, tressant leurs souvenirs, leurs chants, et leurs savoirs en une immense trame magique. Un à un, les dômes s’éteignirent, les jardins fanèrent, les tours se vidèrent de leur éclat. Finalement, Atlantia toute entière s’enfonça lentement dans les profondeurs océaniques, portée par la bienveillance des Émissaires.

Caelos fut le dernier à quitter la surface.
Avant de sombrer, il grava un ultime message dans la pierre d'un obélisque abandonné :

"À ceux qui entendront nos chants sous les eaux, souvenez-vous : la magie n’est jamais gratuite."

Atlantia ne fut jamais détruite.
Elle dort, intacte, protégée sous les abysses. Les courants murmurent encore son nom, et parfois, ceux qui plongent assez profondément croient apercevoir, entre deux flots sombres, l’éclat furtif d’une tour de cristal ou l’écho d’une mélodie oubliée.

Atlantia, la ville magique, vit toujours — dans le secret des mers et les songes des hommes.






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