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Louise balance ses jambes dans le vide. Le ciel est devenu mauve, annonçant la fin du jour. Elle joue avec ses doigts, formant des chiffres invisibles dans l’air.

"Un… deux… trois..." murmure-t-elle.

Elle compte à chaque fois qu’elle espère voir apparaître une silhouette familière au bout de la rue. Maman lui a dit que Papa viendrait aujourd’hui. Pas demain, pas après-demain. Aujourd’hui.

Mais le soleil a commencé à s’éteindre derrière les toits et Papa n’est toujours pas là.

"Il a peut-être du retard," pense-t-elle à voix haute. "Ou il a oublié."

Elle ne veut pas croire à cette dernière option. Pourtant, son cœur se serre un peu plus à chaque minute qui passe. Elle ferme les yeux, tente de se rappeler son visage. Son sourire. La chaleur de ses bras lorsqu’il la prenait contre lui.

Elle descend du rebord et court jusqu’au téléphone posé sur la petite table du salon. Maman est dans la cuisine, trop occupée pour voir ses petits doigts composer un numéro qu’elle connaît par cœur. Ça sonne. Une fois. Deux fois. Trois fois. Puis une voix mécanique :

"Le numéro que vous avez demandé n’est pas attribué."

Elle raccroche brusquement, avalant une boule de tristesse qui lui brûle la gorge. Elle retourne à la fenêtre. Les lampadaires s’allument un à un, illuminant la rue déserte.

Elle ferme les yeux, inspire profondément et compte encore une fois, tout bas, comme une prière.

"Un… deux… trois…"

Et elle attend.

Les minutes s’égrènent. Puis les heures. Maman vient la chercher, pose une main douce sur son épaule.

"Viens, ma chérie. Il est tard."

Louise hésite, jette un dernier regard dehors, espérant un miracle. Mais il n’y a que la nuit et le silence.

Elle se lève lentement et suit sa mère. Avant de quitter la pièce, elle murmure une dernière fois :

"Peut-être demain..."

Mais cette fois, au lieu d’aller se coucher, elle prend un feutre et un cahier. Elle dessine un homme grand aux yeux doux qui la porte dans ses bras. Elle le colorie avec application, ajoutant une chemise bleue comme celle dont elle se souvient. Puis, en bas de la page, elle écrit en lettres maladroites :

"Papa est là."

Elle referme son cahier, le serre contre son cœur et, dans le silence de sa chambre, elle s’endort avec un sourire.

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