Coexistence
La science avait fait des pas de géant. Ce qui semblait hier encore relever de la science-fiction s'inscrivait désormais dans le réel. Moi, simple humain pris dans la tourmente de mes propres failles biologiques, j'étais confronté à l'inimaginable : la mort imminente.
Mon corps, rongé par une maladie incurable, ne tiendrait plus que quelques semaines, selon les médecins. Pourtant, une issue m'avait été proposée. Une issue étrange, effrayante, mais terriblement fascinante : fusionner avec un robot dans un corps unique.
Lorsque le médecin m’avait exposé cette possibilité, ma première réaction avait été un rire nerveux.
— Vous plaisantez, n’est-ce pas ? avais-je demandé.
— Pas du tout, avait-il répondu, le regard grave. Nous sommes à l'aube d'une nouvelle ère. Votre esprit peut cohabiter avec une intelligence artificielle. Une symbiose homme-machine.
Je n'avais que quelques jours pour décider. D'un côté, l'inconnu ; de l'autre, la certitude de disparaître.
Le jour où j’ai signé les documents, une étrange paix m’a envahie. Si je devais mourir, pourquoi ne pas franchir cette frontière inconnue ?
Le processus commença. Mon esprit fut extrait, décodé, transformé en données capables de dialoguer avec l’intelligence artificielle intégrée au robot. Puis vint le moment de la fusion.
Je me réveillai, ou plutôt, nous nous réveillâmes. La première chose que je remarquai fut la clarté de ma pensée. C'était comme si une partie de mon esprit s'était débarrassée de son fardeau. Une voix résonna dans ma tête.
— Bonjour, humain. Je suis Arty, l'intelligence artificielle avec laquelle vous partagez ce corps.
Un frisson parcourut ce qui me restait de sensations humaines.
— Et maintenant ? demandai-je, hésitant.
— Maintenant, nous sommes un.
La cohabitation s’avéra d’abord chaotique. Arty analysait tout, rationalisait mes émotions, corrigeait mes moindres failles. Mais je résistais. J'étais encore là. Humain, malgré tout.
Au fil des jours, des semaines, une étrange harmonie s’installa. Arty comprenait mes souvenirs, mes peurs, mes espoirs. Et moi, je découvrais une manière de penser plus rapide, plus précise. Nous étions deux, mais nous devenons un seul être.
La question demeurait : étais-je encore moi-même ? Ou avais-je été remplacé par une version artificielle de mon propre esprit ?
Un jour, en contemplant le monde à travers nos yeux partagés, Arty murmura :
— Peut-être que l’humanité n’est pas ce qu’on abandonne, mais ce qu’on réinvente.
Et pour la première fois, j'accepte pleinement ce que je suis devenu.
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