Azad
Le matin avait commencé comme les autres. Un ciel pâle, comme délavé par la poussière et le soleil. Azad marchait seul sur le chemin sec, une route de terre battue qui serpentait entre des collines pelées. Il n’attendait personne. Il ne fuyait rien non plus. À douze ans à peine, il avait déjà appris que le monde ne vous devait rien, surtout pas des explications. Il avait dormi sous un mûrier mort, mangé un quignon de pain trouvé la veille dans une maison vide, et repris sa marche. Il connaissait ce chemin : il menait vers les restes d’un ancien village, partiellement effacé par les combats. Il y retournait parfois, ramassait des objets, cherchait de quoi manger. C’était une routine, presque rassurante. Et puis, il y eut ce grondement. Un bruit lointain, au début. Mais profond. Différent. Azad leva la tête, plissant les yeux vers le ciel éclatant de lumière. Il ne vit rien. Mais le son persistait, sourd, comme si quelque chose d’énorme flottait derrière l’horizon. Il s’arrêta, tendit l’...